Du 3 au 14 juillet 2025, dans le cadre de la Saison culturelle Brésil-France 2025, le Sénat et Lab’Bel présentent Cruzeiro do Sul (1969–1970), une œuvre emblématique de l’artiste brésilien Cildo Meireles.

Né en 1948 à Rio de Janeiro, Cildo Meireles est une figure majeure de l’art conceptuel. Depuis la fin des années 1960, il développe une œuvre à la fois politique et sensorielle, où les matériaux, les systèmes de mesure et les structures de pouvoir sont mis en tension sous la forme de sculptures et d’installations immersives.

Après ses présentations en 1970 à la Petite Galerie à Rio de Janeiro, en 2009 à la Tate Modern de Londres, en 2013 au Musée Reina Sofia de Madrid et en 2014 au Pirelli HangarBicocca de Milan, son œuvre Cruzeiro do Sul sera montrée cet été, pour la première fois en France, dans le cadre d’une exposition consacrée à l’artiste à l’Orangerie du Sénat. 

Cette proposition s’inscrit dans le prolongement d’un dialogue amorcé avec l’artiste en 2021, lorsque Lab’Bel a intégré à sa collection une œuvre issue du projet Inserções em circuitos ideológicos – Projeto Coca-Cola. La capacité de Meireles à détourner de leur fonction les objets du quotidien, conjuguée à la dimension conceptuelle, sensible et souvent impertinente de son œuvre, a naturellement conduit à une première collaboration autour de MonaVache, l’édition 2024 de la Boîte Collector La Vache qui rit®.

Derrière son apparente simplicité, Cruzeiro do Sul propose, quant à elle, une réflexion sur l’histoire et la préservation des savoirs autochtones du Brésil. Son titre renvoie à la constellation emblème du drapeau brésilien, utilisée historiquement par les marins pour s’orienter dans l’hémisphère Sud. L’œuvre introduit à ce titre une rencontre entre deux récits : d’un côté, un mythe fondateur autochtone, organique, oral, résistant ; de l’autre, une évocation de la conquête coloniale, et de ses enjeux géographiques et politiques.

Le chêne et le pin dont elle est constituée évoquent une légende Tupi selon laquelle la découverte du feu serait liée au frottement de ces deux essences considérées comme sacrées, mais qui renvoient par ailleurs plus largement à l’effacement des cultures autochtones et l’exploitation intensive des ressources naturelles au Brésil.

Cruzeiro do Sul illustre pleinement la démarche de Cildo Meireles, à la croisée de l’humiliminimalisme — une relecture du minimalisme américain depuis l’Amérique latine, nourrie d’autres histoires et traditions culturelles — et des jeux d’échelle qui traversent son œuvre. Dans l’écart qu’elle propose entre l’objet perçu et sa portée politique ou symbolique, la pièce ne se livre ni d’un seul regard, ni d’un seul geste. Il appartiendra à chacun d’en faire l’expérience à l’Orangerie du Sénat qui, au-delà d’un simple cadre de présentation, agira comme un élément actif du dispositif artistique.

Commissariat : Silvia Guerra et Laurent Fiévet

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