Martha Wilson

Martha Wilson est née en 1947, à Philadelphie (Pennsylvanie, USA). Elle vit et travaille à New York. Elle a récemment exposé à Paris (Centre Pompidou), Bâle (Art Basel Unlimited), Stockholm (Moderna Museet), New York (Solomon R. Guggenheim Museum) et Vienne (Kunstraum Niederösterreich). Le FRAC Sud lui consacre actuellement à Marseille une importante rétrospective intitulée Invisible – Works on aging (1972-2022). Martha Wilson est représentée par la galerie P•P•O•W à New-York et la galerie michèle didier, à Paris et Bruxelles.

 

Après Hans-Peter Feldmann, Thomas Bayrle, Jonathan Monk, Wim Delvoye, Karin Sander, Daniel Buren, Mel Bochner, Rosemarie Trockel, et Franz Erhard Walther, Lab’Bel confie la création de la dixième Boîte Collector à Martha Wilson.

Commissaire invitée de l’édition : Sylvie Boulanger.

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OÙ TROUVER L’ÉDITION COLLECTOR LA VACHE QUI RIT® DE MARTHA WILSON ?

En avant-première, du 18 au 22 octobre 2023 sur le stand Lab’Bel de la foire Paris Internationale.

Et ensuite :
• À la Maison de la Vache qui rit à Lons-le-Saunier (www.lamaisondelavachequirit.com),
• À la librairie Walther König & Cahiers d’Art du Palais de Tokyo à Paris,
• À la librairie-boutique du Frac Sud à Marseille,
• À la librairie-boutique du Frac Picardie à Amiens,
• À la galerie michèle didier à Bruxelles,

Les Boîtes Collector peuvent être également acquises, comme c’est le cas chaque automne, via le site internet www.boutique.lavachequirit.com dans la limite des stocks disponibles.

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Martha Wilson est sans doute la plus importante performeuse américaine poursuivant un engagement social pour la démocratisation de l’art comme vecteur d’émancipation. Elle mène une « bataille culturelle » dans son travail, visant à toucher un large public, notamment éloigné de l’art. Les premières oeuvres de Wilson sont aujourd’hui considérées comme visionnaires.

Au début des années 1970, Martha Wilson commence à se mettre en scène, seule devant la caméra, en utilisant la vidéo, la photographie et le texte. À l’époque, elle enseignait la littérature anglaise au Nova Scotia College of Art and Design dans la ville canadienne de Halifax. Elle se fait rapidement connaître pour ses photo-textes et ses vidéos qui exploraient sa subjectivité en tant que femme à travers des jeux de rôle, des déguisements, des maquillages et des mises en scène. À ce stade, elle décide que « son corps de femme est son instrument » et commence à créer une auto-fiction à travers toutes les facettes et les rôles que les hommes projettent sur les femmes et que les femmes projettent sur elles-mêmes. Martha Wilson nous rappelle que le jugement sur la beauté ne s’impose qu’aux femmes, pas aux hommes, et que cela peut marquer toute une vie.

Depuis plus de cinquante ans et annonçant le travail d’artistes féministes comme Eleanor Antin, Martha Rosler et Cindy Sherman, le travail de Martha Wilson interroge le mot d’ordre fait aux femmes « Sois une image ! ». Elle crée des autoportraits intitulés A Portfolio of Models dans lesquels elle devient déesse ou femme au foyer. Par un processus d’auto-identification qui stimule la créativité et l’émancipation de tous, elle se transforme aussi en diverses personnalités comme les Premières dames Nancy Reagan ou Barbara Bush et rejoue dans ses films des discours d’hommes et femmes politiques. S’émanciper du rôle imposé de la femme, c’est aussi accepter de paraître ridicule, laide, vieille, vulgaire. L’humour radical devient son mode d’expression. Pour l’artiste, l’humour permet de dépasser les frontières : « Si vous ne voulez pas tout détruire, il faut utiliser l’humour ».

Pour la Boîte Collector la Vache qui rit®, Martha Wilson a créé une oeuvre, imprimée et éditée comme un livre d’artiste, qui peut être diffusée en dehors du champ de l’art et s’offrir par surprise aux regards, dans les épiceries et les supermarchés. Elle aime plus que tout le fait que l’image-texte qu’elle a conçue pour la boîte puisse être regardée, lue et conservée par le public le plus large.

Comme pour l’ensemble de son travail, elle choisit comme moteur pour ce dessin sous-titré de La Vache qui rit®, un humour joyeux et bienveillant qui permet le hors-cadre tout en restant soi-même. Un message qui s’adresse à toutes et à tous. À son dessin de La Vache qui rit® apprêtée, elle ajoute la phrase : « Rire ou imploser. ».

En 1976, elle transforme le loft où elle habite en un espace de performance et d’exposition géré par des artistes, fondant la Franklin Furnace qui se concentre sur l’exploration et la promotion d’oeuvres dont les formes non autoritaires et bon marché sont largement distribuées, comme les livres d’artistes, les installations, la vidéo et la performance.

En effet, pour Martha Wilson, l’édition d’artiste, la performance et le film sont des médiums artistiques à part entière. Ce sont des objets d’art démocratiques qui peuvent être diffusés en dehors du champ professionnel de l’art. Un objet imprimé et édité comme un livre — ou une boîte à fromage — interroge en effet les normes des oeuvres d’art. Ce sont des objets industriels, créés par plusieurs personnes, rompant ainsi avec la sacralisation de l’artiste. À une époque de croissance accélérée du marché international de l’art, elle pointe plus largement et avec une lucidité sans concession la fabrication de l’identité et de la valeur de l’artiste, soulignée par la précarité de la condition de la femme artiste. La performance, écrit-elle, est « le lieu d’intersection entre l’image et le texte ».

La liste des expositions et des projets produits via la Franklin Furnace est impressionnante et couvre tous les artistes américains qui ont compté au cours des quarante dernières années. De 1976 à aujourd’hui, la Franklin Furnace expose d’abord dans la Franklin Street à Manhattan, puis dans les espaces publics pour aller à la rencontre des passants des quartiers populaires. Franklin Furnace fournit maintenant un financement aux artistes et se concentre sur l’éducation artistique et la publication en ligne d’oeuvres qui ne sont généralement pas accessibles au grand public.

Martha Wilson est un agent de transformation et de changement de l’art vers une plus grande démocratisation de la sensibilité artistique de chacun. Elle a travaillé à abolir la frontière entre la culture élitiste et la culture populaire à toutes les étapes de la création. Pionnière de l’auto- mise en scène, elle n’hésite pas à penser les réseaux sociaux comme le plus grand programme d’exposition qui rend les lieux d’art inutiles. Selon elle : « l’environnement des médias sociaux a rendu les artistes et les gens ordinaires égaux ».

Sylvie Boulanger, Commissaire de l’édition