Jonathan Monk

Né à Leicester en 1969, Jonathan Monk vit et travaille à Berlin.

Son travail a été  notamment présenté au Kunsthaus Baseland (Bâle, 2016), à l’Irish Museum of  Modern Art (Dublin, 2014), au Centro De Arte Contemporáneo (Málaga, 2013),  au Kunstraum Dornbirn, (Dornbirn, 2013), au Palais de Tokyo et au Musée  d’Art Moderne de la Ville de Paris (Paris, 2008), au Kunstverein de Hanovre  (Hanovre, 2006), à l’Institute of Contemporary Art de Londres (Londres, 2005),  et au Museum Kunstpalast (Düsseldorf, 2003). Jonathan Monk a également participé à Manifesta 11 (Zurich, 2016), aux 50ème et 53ème éditions de la Biennale d’art contemporain de Venise (Venise, 2003 et 2009), à la Biennale de Whitney (New York, 2006), à la Biennale de Berlin (Berlin, 2001) et à la Biennale de Taipei (Taipei, 2000).

Il est représenté par les galeries Untilthen (Saint-Ouen), Lisson (Londres), Nicolai Wallner (Copenhague), Meyer Riegger (Karlsruhe), Casey Kaplan (New York) et Dvir Gallery (Bruxelles et Tel Aviv).

La Boîte Collector de Jonathan Monk pour Lab’Bel par Michael Staab,

commissaire associé.

L’artiste britannique Jonathan Monk emploie souvent dans son travail les œuvres et concepts formels d’autres artistes. Alors qu’il étudiait à la Glasgow School of Art, il avait déjà constaté que l’appropriation pouvait constituer une démarche dans sa propre création d’images.

Développer une approche originale dans le grand canon de l’art moderne et contemporain lui semblait impossible. C’est la raison pour laquelle, aujourd’hui encore, il se sert d’éléments artistiques préexistants comme matériau de base pour son propre travail. S’il reste au plus près de l’œuvre originale, il n’impose pas moins dans ses travaux ses propres formes, matériaux et concept créatif. Il réussit par là même à démystifier les notions d’originalité, de caractère unique, de création artistique et de sens de l’œuvre telles que nous les avons assimilées, rendant ainsi possibles de nouvelles façons de voir ou d’associations d’idées à partir de contextes familiers.

Pour la Boîte Collector 2016, Jonathan Monk s’est approprié un autre type d’«original », l’image familière d’une marque française de longue tradition :  La Vache qui rit®. Grâce à une modification technique d’une confondante simplicité, il parvient à renouveler cette image immédiatement identifiable sans avoir recours au moindre pinceau ou crayon, sans en changer la forme ou le message d’origine.

Conformément aux instructions de l’artiste, l’image sur l’étiquette des boîtes se voit complètement inversée sur un segment de la production régulière.  La vache se met alors à regarder dans l’autre direction. Par son intervention directe dans la chaîne de fabrication strictement contrôlée et hautement standardisée d’un produit de grande consommation toujours identique, Jonathan Monk conçoit une pièce de collection particulière.

Le lieu mythique qu’est l’atelier d’artiste s’en trouve ici transformé, remplacé par l’atelier de fabrication industrielle. Ce sont désormais le service de conception graphique, le parc des machines et les ouvriers qui accomplissent la réalisation du travail artistique. L’œuvre qui en résulte ne tire pas sa spécificité de son caractère unique, mais de sa différenciation au sein d’une masse d’originaux de référence.

L’original nous est si familier que nous ne le voyons plus vraiment. Le résultat de l’intervention artistique de Monk, c’est que nous devons y regarder de plus près et que, grâce à elle, l’image du produit et sa forme artistique deviennent plus visibles.

Nous avons tous un penchant pour les choses exceptionnelles. C’est pourquoi nous aimons en faire collection lorsque nous en trouvons. Un trèfle à quatre feuilles, une pierre insolite ou un timbre présentant une erreur d’impression.  Et c’est pour cela que cette boîte, avec son étiquette inversée, va être prisée pour son altérité et sera collectionnée en raison de cette particularité, même si on ignore tout de son arrière-plan artistique.