Collector Box

#2 Thomas Bayrle
Rien n’est identique dans la Nature. Dans la masse, non plus.

2015

Thomas Bayrle

Né à Berlin en 1937, Thomas Bayrle compte parmi les pionniers du mouvement pop art en Europe et utilise le logo de La Vache qui rit® dans ses œuvres depuis 1967. L’artiste a acquis une renommée internationale grâce à ses photographies, œuvres graphiques, sculptures et objets d’inspiration pop. Il produit également des installations, des animations et des films.

Le travail de Thomas Bayrle a été présenté dans de nombreux musées et institutions du monde entier, parmi lesquels le Portikus (1990, 1994) et le MMK, Museum für Moderne Kunst de Francfort (2002, 2006), le Museum Ludwig de Cologne (2008), le MACBA, Museu d’Art Contemporain de Barcelone (2009), le MAMCO, Musée d’art moderne et contemporain de Genève (2009) et la Tate Modern de Londres (2015). Il a également participé à de nombreuses expositions collectives et notamment à la documenta de Cassel à trois reprises (1964, 1977, 2012), et à la Biennale d’art contemporain de Venise (2003, 2009).

La Boîte Collector de Thomas Bayrle pour Lab’Bel par Michael Staab, commissaire associé.

Avant ses études d’art, Thomas Bayrle a été formé au métier de tisserand. C’est un aspect qu’il ne faut pas négliger quand on étudie son travail artistique. Les références au domaine du tissage tiennent en effet une grande place dans son œuvre, comme la chaîne et la trame, mais aussi le rapport à la surface, à la réalité horizontale, contrairement à la verticalité avec laquelle il ne développe, de son propre aveu, que peu d’affinités. Depuis 1967, le collage artistique lui sert à réaliser d’immenses vues « tissées » à partir d’images individuelles baptisées super forms. Des centaines de petits avions donnent ainsi naissance à une gigantesque image d’avion. Des centaines de fleurs forment l’image d’une danseuse. Et la réunion d’une nuée de verres de bière minuscules crée un verre de bière majuscule.

La proposition de Thomas Bayrle pour la Boîte Collector fait appel à notre perception visuelle, une pratique courante dans son œuvre. Sur le couvercle de la boîte, la masse des vaches représentées -un véritable troupeau en fait- est beaucoup plus individualisée qu’il n’y paraît au premier regard. Certaines d’entre elles sont bleues, d’autres rouges, d’autres encore à pois. C’est aussi l’effet produit par le visage de petite fille qu’elles composent : il n’est pas réellement dessiné, c’est notre œil qui le crée. Certains voient la vache, d’autres le visage de l’enfant. Et on peut, bien évidemment, passer alternativement de l’une à l’autre.

Si Thomas Bayrle ne cherche pas à délivrer un message explicitement politique dans son travail, les fonctionnements sociétaux, leurs expressions, leurs principes de répétition et de variation, le rapport de la masse à l’individu constituent autant de sujets centraux au sein de sa réflexion. Pour reprendre l’image du tisserand, on pourrait voir dans le tissu une analogie avec la société, avec son ample horizontalité et les liens de toutes sortes qu’elle met en place. Selon Thomas Bayrle, la Nature et la société -qui en fait partie- produisent à la fois la masse et l’individu.