Ceal Floyer
Née en 1968 au Pakistan, diplômée du Goldsmiths College de Londres (Grande-Bretagne).
Ceal Floyer vit et travaille à Berlin (Allemagne).
Elle est représentée par les galeries Lisson Gallery (Londres, Grande-Bretagne), Esther Schipper (Berlin, Allemagne), 303 Gallery (New York, USA).

Démarche artistique
Si les œuvres de Ceal Floyer prennent des formes variées – pièces sonores, dessins, objets trouvés, sculptures –, elles se caractérisent toutes par une économie de moyens délibérée et une apparente sobriété. Ancrées dans des images et situations simples et quotidiennes, elles semblent constamment ouvrir sur un au-delà des apparences et suggérer l’existence d’un ailleurs. Ainsi, en donnant à voir un rai de lumière sous une porte, Door (1995), induit la présence d’une dimension cachée. Le visiteur découvre, en s’approchant de l’installation, que l’effet est produit par un projecteur de diapositive au niveau du sol, devant la porte. L’appareil n’est sciemment pas dissimulé et les clés de l’illusion sont clairement livrées. Revisitant, toujours avec humour l’histoire de l’Art Minimal et de l’Art Conceptuel, l’artiste en retient aussi bien un sens du vide, une attention pour l’essence des choses que l’importance du langage et un goût prononcé pour la réflexivité. Dans Monochrome Till Receipt (White),1999, qui consiste en l’exposition d’un ticket de caisse, provenant du supermarché local, d’une liste d’articles qui ont la particularité d’être uniquement de couleur blanche (mouchoirs, fromage, stylo effaceur…), Ceal Floyer joue par exemple des particularités chimiques des matériaux qu’elle utilise. Imprimé sur du papier thermique, les inscriptions du ticket sont en effet sujettes à un effacement rapide qui donne toute sa saveur à la pièce. Un intervalle subtil se déploie ainsi entre l’œuvre présente et les idées qu’elle implique.

0–10, 2011
Pièce sonore diffusée par haut-parleur
Dimensions variables
Edition 1/3
Oeuvre acquise en 2011

Pour 0 – 10, Ceal Floyer a modifié l’enregistrement historique du décollage de la fusée de la mission Apollo 11. A l’inverse de la trouvaille géniale de Fritz Lang, qui en 1929, inventa le principe du compte à rebours pour renforcer le suspense du scénario de La Femme sur la Lune, l’artiste a pris le parti de substituer, par jeu de montage, à l’énumération énoncée une suite arithmétique de nombres entiers naturels allant de 0 à 10. Cette altération très minimale, représentative de sa démarche, engage un trouble certain dans les esprits des auditeurs que le message ainsi modifié vient régulièrement surprendre dans l’espace d’exposition. Jouant sur une connaissance auditive largement partagée de l’événement pour introduire un effet d’étrangeté, elle redistribue les cartes de l’Histoire et met en place un récit second qui bouscule la perception du Temps. Tout en suivant la logique d’un mouvement de reflux de la mémoire vers l’époque des premières conquêtes spatiales, l’imaginaire est invité à bifurquer vers de nouvelles directions.