Daniel Dewar
Né en 1976 à Forest Dean, Royaume Uni

Grégory Gicquel
Né en 1975 à St Brieuc

Vivent et travaillent à Paris

Sont représentés par la Galerie Loevenbruck (Paris)

Depuis le début des années 2000, Daniel Dewar et Grégory Gicquel s’adonnent aux joies de la sculpture, un champ artistique historiquement référencé dont ils renouvellent les paramètres avec un plaisir non dissimulé. Leur pratique à quatre mains se caractérise par un formalisme inventif et débridé reposant sur un travail d’expérimentation à partir de matériaux aux qualités variées. Traitant de sujets figuratifs quotidiens ou exotiques, faussement héroïques et souvent triviaux, leurs œuvres, dont l’apparence peut sembler flirter avec l’académisme, font appel à des gestes, techniques et savoir-faire traditionnels comme la taille directe et le modelage, ré envisagés selon des modalités inédites. Le duo réinvente les conditions d’existence de la sculpture, s’adonnant au tissage de la laine en format XXL (Mammoth and Poddle, 2010), recuisant à très haute température des éléments de céramique récupérés (Mixed Ceramics, 2011), fabriquant une voiture de sport en marbre à l’échelle 1 (Mason Massacre, 2008). Il brouille ainsi les hiérarchies entre art, artisanat et industrie. Un goût pour la démesure caractérise nombre de leurs réalisations, qui glissent vers une monumentalité déroutante, notamment dans leur pratique de la sculpture en extérieur. Les artistes y délocalisent leur atelier pour y faire du « Land Art figuratif ».

Buste, 2014
Béton
165 x 123 x 93 cm
Oeuvre acquise en 2015

Buste est une œuvre qui revisite joyeusement l’histoire de l’art et certaines grandes questions du médium de la sculpture, à une échelle toute monumentale. Le duo d’artistes crée ici un pont entre tradition et actualité : tradition, de part le processus de réalisation, auquel ils ont recours pour la première fois dans leur travail – modelage, moulage puis coulage –, de part le traitement fragmentaire de la figure – le corps réduit à un buste –, de par l’aspect non fini, notamment au dos de la sculpture, et de part l’importance donné au motif ornemental… Actualité, de part le choix du matériau – le béton, trivial et d’ordinaire réservé à l’architecture –, et de part le sujet – un gilet banal, torsadé et d’allure confortable. L’œuvre a été produite dans le cadre de l’invitation faite aux artistes, en 2014, par le Musée Rodin à Paris, à présenter un corpus de nouvelles œuvres dans les espaces du jardin de l’hôtel Biron. Dewar & Gicquel ont alors créé dix sculptures monumentales en béton : des figures, comme des fragments de corps, nus ou habillés, dont Buste, mais aussi des motifs plus incongrus, comme des éléments de salle de bain, faisant précisément référence à notre époque. Les artistes détaillent la figure, isolent un buste, le revêtent d’un vêtement d’aujourd’hui, et l’érigent à la taille d’un corps humain. L’héroïsme de la « grande » sculpture s’en trouve comme sérieusement « sapé ». Comme souvent, le gout du fait main est affirmé dans l’expérimentation de nouveaux procédés et matériaux, massivement, si l’on se mesure aux grandes dimensions de l’œuvre, mais aussi finement, par exemple dans les détails des torsades du gilet, modelées à vingt doigts.