Karin Sander
Née en 1957 à Bensberg (Allemagne)
Vit et travaille à Berlin (Allemagne) et Zürich (Suisse)

Elle est représentée par les galeries Esther Schipper (Berlin) et Nächst St. Stephan Rosemarie Schwarzwälder (Vienne)

Karin Sander est une artiste conceptuelle et ses œuvres – installations, interventions architecturales, photographies 3D, peintures… – se développent toujours à partir de protocoles précis. Elles opèrent des effets de décalages vis-à-vis de la réalité : ainsi les Body Scans sont des représentations sculpturales d’individus, sous la forme de photographies en trois dimensions. L’usage de ce procédé, spécifiquement développé pour cette série, depuis la fin des années 1990, interroge la notion d’objectivité de l’image. Plus généralement, sa démarche vise à questionner les contextes et conditions des systèmes de production et de diffusion de l’art, comme le musée, le centre d’art ou l’espace public.
Ainsi les Wallpieces sont des peintures murales obtenues, non par l’ajout, mais par le retrait de matières. Les revêtements de surface sont polis, jusqu’à leur donner un aspect miroitant, perceptible en fonction de l’intensité lumineuse. Autre série, les Patina Paintings (Peintures patinées), appelées Gebrauchsbilder en allemand (le terme implique que les toiles sont des objets à utiliser, correspondant à un besoin), sont créées pour les lieux où elles sont accrochées. Les toiles laissées brutes, sans aucune intervention préalable, sont amenées dans un lieu donné et y sont exposées pendant une durée à déterminer. Elles absorbent l’atmosphère spécifique de ce lieu et en reproduisent ainsi en quelque sorte «la patine». Au fil de ses réalisations, l’artiste révèle une certaine dimension poétique qui existe potentiellement dans les objets quotidiens nous environnant.

Identities on Display, 2013

KS320
Verre, bois, métal, roues
200 x 60 x 80 cm

Pièce unique (issue d’une série de 20 vitrines individuelles)
Oeuvre acquise en 2015

Comme souvent dans le travail de Karin Sander, l’œuvre existe sous la forme d’un objet matériel et s’articule avec des usages précis, qui la font évoluer dans sa forme et orientent la perception que l’on peut en avoir. Il s’agit d’un vestiaire individuel vitré – conçu spécifiquement en collaboration avec Holzer Kobler Architects, pour une intervention à Dahlem en 2013 – révélant ainsi son contenu aux yeux de tous. Outre sa forme, sa principale particularité est d’être positionné dans l’espace d’exposition et non pas dans l’entrée, voire le sous-sol du musée. L’élément utilitaire, tel que les musées en mettent à disposition au public, devient une sculpture participative, mettant en scène les vêtements et accessoires qui y sont déposés. Par cet effet de renversement, le meuble fonctionnel devient ainsi le sujet d’une œuvre à part entière, soulevant une question de nature anthropologique et ramenant au centre ce qui d’ordinaire est annexe et passe inaperçu. En y déposant ses affaires, le visiteur peut, de manière consciente, organiser une composition, reflétant sa personnalité, ses gouts, et, ainsi, « faire exposition ». En fonction de l’âge et du genre du déposant,  mais aussi en fonction des saisons et des contextes de présentation de l’œuvre, ce sont autant de portraits qui se dessinent, révélateurs d’identités individuelles, de références culturelles, tout en étant emprunt des notions de banalité et de norme.