Jorge Pedro Núñez
Né en 1976 à Caracas (Vénézuela), Jorge Pedro Núñez, vit et travaille entre Paris et Caracas.
Diplômé en 2006 à l’Ecole Nationale Supérieure d’arts de Paris-Cergy, il est représenté par la Galerie Crèvecoeur (Paris).

Démarche Artistique
L’œuvre de Jorge Pedro Núñez, collages, sculptures et installations, fait le pont entre différentes cultures artistiques et populaires, entre Occident et Amérique. Elle se fonde sur un travail précis de recyclage joué à plusieurs niveaux : le réemploi d’éléments existants se double d’un appel à des formes et signes bien référencés dans l’histoire de l’art moderne et contemporain, les pièces étant, selon l’artiste, les « archétypes d’un art du déjà-vu ». Il mêle objets culturels (comme des disques vinyls ou des pages du magazine) et objets pauvres provenant d’étals de marché sauvages dans d’ambitieuses constructions/échafaudages qui sont comme des monuments vivants, Hommage à Simon Rodia, The Watts Towers (nuestro pueblo), 2009 et Todo lo que MAM me dio (2010). Il réalise des sculptures par le pliage et la découpe de roues de vélo, comme Être tordue (2009-2012) et Bicycle Tour (2012) ; celles-ci s’appuient sur un geste de reprise ironique de deux véritables icones de la modernité, le ready-made de Marcel Duchamp et la sculpture constructiviste soviétique. La fusion opérée semble une mise en perspective de l’Histoire et des références culturelles. L’ambition plastique, qui s’appuie sur une modestie des moyens utilisés, vise à engager une réflexion sur l’inscription de l’artiste dans l’Histoire et ses flux.

Madame Devauçay – Sergio Leone, 2012
Installation, livres, pied de lampe
34 x 26 x 163 cm / Pièce unique
Œuvre acquise en 2012

Une intention iconoclaste est à l’œuvre dans la sculpture Madame Devauçay – Sergio Leone, qui repose sur l’assemblage de deux livres et d’un pied de lampe longiligne. Celui-ci est positionné de manière à associer plastiquement les couvertures des deux ouvrages. D’un côté, Madame Devauçay, un portrait bourgeois d’une grande douceur peint par Jean-Auguste-Dominique Ingres, se trouve comme affublé d’un immense nez saillant. De l’autre, le carré figuré sur la couverture du livre sur le réalisateur Sergio Leone semble se propulser dans l’espace, rappelant les utopies suprématistes. Cette curieuse association dynamique fondée sur un geste de pastiche, crée une circulation mentale des idées et des images. En s’appropriant ainsi des livres d’art, Núñez les détourne de leur fonction et en fait les outils de ses questionnements personnels.