John Stezaker

Né en 1949 à Worcester (Royaume Uni), John Stezaker vit et travaille à Londres.
Il a été diplômé en 1973 de The Slade School of Art.
Il est représenté par les galeries The Approach (Londres) et Petzel Gallery (New York).

Démarche Artistique
Depuis une quarantaine d’années, les œuvres de John Stezaker sont marquées par une certaine rigueur conceptuelle et produisent un puissant impact visuel. Collecter, découper, coller : la pratique de l’artiste anglais repose sur différents gestes précis, hérités de la modernité. En continuant à développer ainsi, aujourd’hui, sa démarche artistique au moyen du collage, John Stezaker s’inscrit dans la lignée historique du Surréalisme et du Situationnisme, tout en affirmant un langage singulier, quasi ascétique. Loin de la quête de fantaisie et d’onirisme du mouvement moderne et au delà de la critique didactique de la « Société du spectacle » se développant dans le sillage de Mai 68, John Stezaker produit une œuvre programmatique fascinante et troublante, fondée sur un travail précis de manipulation des images. Celles ci sont des réemplois et proviennent d’archives et de brocantes. Elles sont très précisément choisies et leur format est souvent reconnaissable : cartes postales de paysages, portraits d’acteurs et d’actrices et photographies de plateau destinées à la promotion de films, de l’âge d’or hollywoodien notamment, documents de presse… Ces images anciennes, délaissées et passées de mode, l’artiste les utilise comme matériau de travail et les soumet à une grammaire précise, parfois étonnamment simple et efficace, basée sur une combinatoire de découpes et d’associations, pour mieux interroger leur fonction et notre regard sur elles. A travers chacune de ses séries, comme Masks, Film Stills, Tabula Rasa, ou The 3rd Person Archive, différents principes sont mis en œuvre et se développent, selon une dialectique paradoxale entre destruction et création. Altérés, les figures et motifs représentés subissent la violence de la découpe pour mieux se réinventer sous la forme de nouveaux et évidents motifs, en quête d’un humanisme et d’une vérité de l’affect, au delà du visible.

Marriage LXXX, 2012
Collages photographiques noirs et blancs
28 x 21,3 cm et 27,3 x 20,6 cm
Pièces uniques
Œuvre acquise en 2013

Composés à partir d’anciens portraits photographiques d’acteurs et d’actrices en noir et blanc, les collages issus de la série Marriage, produisent un effet ironique de déconstruction du visage. Précisément agencé, un demi visage d’homme se superpose chaque fois à un visage féminin, suivant une ligne droite centrale, les deux figures, à la même échelle, n’en formant plus qu’une au final, la concordance des traits s’accompagnant d’un inquiétant effet de déséquilibre, de basculement de l’image. Chaque nouveau portrait ainsi produit devient une caricature, féminine et masculine à la fois, drôle et étrange. L’effet de combinaison rappelle la méthode du Cubisme (le premier mouvement artistique à avoir fait usage de « papiers collés ») et livre une sorte de traité quasi comique sur le couple, le mariage et la notion de genre.