Archival Pigment Print,
2 parts, 107 x 79,4 cm and Offset 33 x 15,6 cm
Œuvre acquise en 2016

 

Natalie Czech

Née en 1976, Natalie Czech vit et travaille à Berlin.
Elle est diplômée en 2005 de la Kunstakademie, Düsseldorf.
Elle est représentée par les galeries Kadel Willborn (Düsseldorf) et Capitain Petzel (Berlin).

Pour réaliser sa série Critic’s Bouquets (2015), dont est issue l’œuvre, Natalie Czech a commandé des comptes-rendus d’expositions à des critiques d’art. S’ils ont pu librement choisir le sujet de leur texte et puiser dans l’actualité de l’art contemporain, l’artiste leur a proposé comme contrainte de faire usage de termes issus du « langage des fleurs », un lexique de l’époque victorienne mettant en relation les espèces florales et les émotions. L’œuvre de la collection est relative à l’exposition The Pale Fox de l’artiste française Camille Henrot, qui a eu lieu au centre d’art parisien Bétonsalon en 2014. Le texte a été rédigé par Rachel Valinsky, auteur et commissaire d’exposition. Les mots choisis par l’auteur ont guidé l’artiste pour choisir les fleurs correspondantes, et ainsi transformer le texte en un étrange bouquet, chaque fleur apparaissant en spécimen unique. Le bouquet ainsi créé a été photographié, comme « présenté » à l’artiste dans la prise de vue. Une étiquette accrochée au bouquet permet, par numérotation, de retracer le terme associé à chaque variété de fleur. Une transposition s’est ainsi opérée : une exposition est devenue un texte critique, qui est devenu un bouquet, qui est devenu une photographie. La photographie du bouquet est accompagnée d’un cartel reproduisant le texte initial. Un jeu d’analogies et de déplacements s’engage entre ces différentes expressions, déclinant des émotions, des sensations, dans un jeu de codages et de décodages qui dévoile un paradoxe entre un art du protocole et une sentimentalité assumée.

Natalie Czech produit essentiellement des photographies, qui s’inscrivent dans le cadre d’une démarche conceptuelle, traitant notamment des relations entre le langage et les images. Ses œuvres explorent les qualités plastiques du mot, dans ses dimensions visuelles aussi bien que sonores. Différents contenus textuels nourrissent la production des images. Les pièces se fondent souvent sur des textes existants, de nature poétique. En outre, l’artiste établit fréquemment des collaborations avec des auteurs, comme pour les séries Critic’s Bouquets ou encore Il pleut by Guillaume Apollinaire (2012). Différents procédés sont à l’œuvre : Poems by repetition (2013-2015), inspiré de Gertrude Stein, explore ainsi les potentialités de la figure de la répétition, en littérature comme dans les arts plastiques. Voyelles (2013), de son côté, s’intéresse au thème de la synesthésie. Les références de Natalie Czech vont de l’artiste belge Marcel Broodthaers à la poésie contemporaine, notamment la poésie concrète américaine, en passant par les artistes du courant appropriationniste. Elle puise également son inspiration dans les cultures populaires, comme dans des pages de magazines ou des couvertures d’albums de musique.