Faïence émaillée 23 x 14 x 10 cm
pièce unique
Œuvre acquise en 2016

 

Sébastien Gouju
Né en 1978, Sébastien Gouju vit et travaille à Paris.
Il est diplômé en 2003 de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts, Nancy. Il est représenté par la galerie Sémiose (Paris).

D’un pichet de vin ornementé, un faisan passe sa tête multicolore et fait son apparition. Il entre en scène et interpelle le public. La sculpture, en céramique, repose sur une association troublante et incongrue entre deux éléments – un ustensile et un animal – riches d’évocations. Sa technique de réalisation, la céramique, lui confère un certain réalisme. Le récipient, orné de grappes de raisin et d’autres motifs renvoyant au monde vinicole, est originellement réalisé selon ce même procédé. La figure du faisan, ainsi traduite, renvoie aussi bien à la chasse qu’aux arts culinaires. Son association au pichet et la confusion des échelles de taille – le pichet ne pouvant physiquement contenir le corps de l’oiseau – produisent un effet de surprise : la situation figurée ne serait-elle pas extraite d’une fable ou d’un conte ?

Sébastien Gouju situe son travail dans des registres quotidiens, avec des objets et figures familiers, envisagés comme la base d’une hybridation, faisant souvent basculer le spectateur vers une étrangeté merveilleuse, voire une forme de surréalisme.

Témoins de notre époque, ses sujets, objets et motifs de prédilection traduisent des interrogations sur les relations entre l’homme et la nature, le sauvage et le domestique, sur le mode du jeu.

La sculpture fait également le pont entre art et artisanat, évoquant aussi bien un genre traditionnel en art – la représentation du monde animal – que des formes d’arts décoratifs – la vaisselle et les arts de la table – sur un mode plutôt trivial et kitsch, si l’on se réfère à l’aspect du pichet. Sébastien Gouju a souvent recours à des techniques et procédés issus de l’artisanat (broderie, métal…) comme pour l’étrange Parties de cartes (2013), où tout un jeu est conçu selon les techniques de l’orfèvrerie.

Le thème de l’animal s’échappant du récipient est envisagé par Sébastien Gouju dans toute la série d’œuvres qu’il réalise en 2015 et qui constitue un fascinant bestiaire. Ce thème renvoie à toute une tradition du décor de table, avec des plats représentant les animaux qu’elles contenaient. Citons notamment les extraordinaires terrines zoomorphes en trompe-l’œil, produites en Allemagne et en France au 18ème siècle, visibles par exemple dans les collections du Musée de la Chasse et de la Nature à Paris. L’artiste offre-il ainsi à l’oiseau – promis à un destin de gibier – une forme de liberté retrouvée, qui plus est teintée d’ivresse ?

Au delà de cette question, la grande préoccupation de Sébastien Gouju est celle du décoratif. A travers ses dessins et sculptures, il réaffirme une attention pour les formes ornementales. Ses œuvres s’amusent à révéler leur prégnance dans notre environnement.