Etienne Chambaud
Né en 1980 à Mulhouse. Il vit et travaille à Paris.
Il a été diplômé de Villa Arson (Nice) en 2005, après un post-diplôme ENBA, Lyon et à l’ECAL de Lausanne. Il est représenté par les galeries Sies+Höke (Düsseldorf), Labor (Mexico) et Bugada & Cargnel (Paris).
Démarche artistique
Artiste enquêteur, Etienne Chambaud développe une réflexion pratique sur le processus de création. Chaque œuvre semble émaner d’une pluralité de sources et d’idées, celles-ci étant parfois laissées délibérément hermétiques, comme lorsqu’il expose ses notes préparatoires pour une exposition recouvertes de spray noir (Le Comble, 2007). De multiples interprétations sont laissées possibles bien que les titres et légendes des œuvres constituent de précieux guides pour appréhender ses recherches. Nourri par ses expériences de lecteur, Etienne Chambaud revendique la méthode de l’intertextualité, transposant l’association des idées au montage des images et des formes. Sa réflexion sur le collage se traduit notamment par le recours récurrent au motif de la coupure (Blade Portraits, 2012), transcrivant les liens entre fixité et mouvement (La Danse, 2009-2011) ou livrant une enquête touffue sur l’histoire de la guillotine et ses rapports à l’histoire du Musée (Contre-Histoire de la Séparation, 2010, en collaboration avec Vincent Normand).
The Naked Parrot, 2012
Photographie, aquarelle, colorant, impression pigmentaire sur papier,
41 x 32 cm / Pièce unique
Œuvre acquise en 2013
Les photographies The Naked Parrot sont issues de la série du même nom. Etienne Chambaud a travaillé à partir d’un tirage photographique en noir et blanc montrant un livre ouvert sur une page avec l’image d’une colombe blanche. Chaque photographie est singularisée par la coloration du sujet animalier, au moyen d’une impression pigmentaire et de l’ajout de peinture et de colorant alimentaire. D’une œuvre à l’autre, le plumage de l’oiseau semble ainsi fardé d’une parure discrète ou plus outrancière, lui conférant expressivité et originalité. Les différents résultats rappellent le perroquet ou d’autres espèces exotiques. L’artiste s’intéresse ici aux complexes rapports d’hybridation entre l’Animal et l’Homme. Il donne à chaque oiseau une nouvelle apparence, comme pour l’extraire symboliquement du processus de construction et de fabrication dont il était initialement issu, au moyen de techniques d’élevage et de domestication. La colombe devient ainsi « perroquet mis à nu », soit une « chimère moderne, un être totalement construit de l’extérieur », en quelque sorte en quête de son origine perdue, d’une vérité inatteignable. La série photographique était la figure centrale de l’exposition éponyme de l’artiste à la galerie Labor (Mexico, avril-juin 2013), qui comportait en outre une œuvre faisant intervenir in situ un groupe de véritables pigeons. Nourris avec des graines de différentes couleurs (rappel des colorants alimentaires précédemment évoqués), ceux-ci ont investi l’espace d’exposition avant son ouverture publique, laissant des fientes colorées au sol (Additive Expression, 2013). Cet usage de la couleur, venant surligner un motif comme pour mieux en définir sa nature profonde, rappelle également une autre série d’images de l’artiste, représentant des ateliers de colorisation de films du début du XXème siècle où les visages et les mains des ouvriers au travail étant marquées de peinture acrylique (Les Coloristes Coloriées, 2009).