Lancement de la Boîte Collector par Martha Wilson

La dixième édition de la Boite Collector de La Vache qui rit® sera disponible en octobre 2023. Nous sommes très fiers de vous annoncer que l’artiste sélectionnée pour cette collaboration exceptionnelle est Martha Wilson. ‌L'artiste américaine Martha Wilson est une pionnière de l’art performatif. Son travail précurseur a inspiré de nombreux artistes et lui a... Lire la suite »

La dixième édition de la Boite Collector de La Vache qui rit® sera disponible en octobre 2023. Nous sommes très fiers de vous annoncer que l’artiste sélectionnée pour cette collaboration exceptionnelle est Martha Wilson.

‌L’artiste américaine Martha Wilson est une pionnière de l’art performatif. Son travail précurseur a inspiré de nombreux artistes et lui a valu le titre de l’une des « personnes les plus emblématiques du Manhattan artistique des années 70 » selon le critique Holland Cotter. Elle est la fondatrice de la Franklin Furnace Archive, une institution très active de soutien aux jeunes artistes.

Portrait de Martha Wilson ©Sara Kaplan

 

« Martha Wilson est une artiste américaine née à Philadelphie. À 75 ans elle est sans doute la plus importante artiste performeuse américaine qui poursuit tout au long de son activité artistique un engagement au service du collectif et de la démocratisation de l’art comme moteur d’émancipation.  Elle mène par son travail une « bataille culturelle », visant à toucher par l’art tous les publics et surtout ceux éloignés de l’art.
Les premiers travaux de Wilson sont aujourd’hui considérés comme prémonitoires.

Martha Wilson commence au début des années 1970 à se mettre en scène, seule face à la caméra, en utilisant la vidéo, la photographie et le texte. Elle est alors enseignante en littérature anglaise au Nova Scotia College of Art and Design situé dans la ville canadienne d’Halifax.

Elle est vite connue pour ses œuvres photographiques et ses vidéos novatrices qui explorent sa subjectivité de femme à travers le jeu de rôles, le déguisement, le maquillage et la mise en scène.

En 1974, elle transforme le loft de sa propre maison en espace de performance et d’exposition géré par des artistes, fondant ce faisant en 1974 la Franklin Furnace Archive, un espace autogéré par les artistes qui se concentre sur l’exploration et la promotion de livres d’artistes, de l’installation artistique, de la vidéo et l’art de la performance. La liste des expositions et des projets réalisés via l’Archive est impressionnante et couvre tous les artistes américains qui ont comptés dans ces quarante dernières années. Pendant vingt ans (1976 -1996), la Franklin Furnace expose notamment dans la devanture de la Franklin Street à Tribeca et dans l’espace public, dans le Lower Manhattan afin de toucher les passants de ces quartiers encore populaires.

Le livre d’artiste, la performance, le film, sont pour elle des medium artistiques à part entière.  Le livre, comme la photographie et le film sont en effet pour Martha des objets d’art démocratiques qui peuvent se diffuser hors du champ professionnel de l’art. L’objet édité comme le livre remet en effet en question les normes des œuvres d’art. C’est un objet culturel « industriel » que l’on créé à plusieurs, rompant ainsi avec la sacralisation de l’artiste. La Franklin Furnace s’est depuis réinventée avec pour but principal de fournir des financements aux artistes et de se focaliser sur l’éducation de l’art et la publication en ligne d’œuvres qui ne sont pas habituellement visibles auprès du public le plus large.

Depuis plus de cinquante ans et annonciateur du travail d’artistes féministes comme Eleanor Antin, Martha Rosler ou Cindy Sherman, l’œuvre de Matha Wilson interroge par le travestissement féminin et sa déconstruction verbale l’assignation sociale à « faire image ». Elle crée notamment des auto-portraits intitulés A Portfolio of Models où elle pose en figurant des identités de genres variées telles que la déesse ou la femme au foyer. Elle recourt aux identités de personnes célèbres comme les Premières Dames Nancy Reagan, Barbara Bush. L’humour radical devient son mode d’expression mais le processus d’auto-identification qu’elle met en place est perçu comme essentiellement positif car ses créations stimulent la créativité et l’émancipation de tous et surtout de toutes.

Une exposition de Martha Wilson a été organisée l’année dernière au Centre Pompidou (Oct 2021-Janvier 2022) dans laquelle des œuvres telles que Breast Forms Permutated (1972), A Portfolio of Models (1974), Posturing: Drag (1972), développaient un langage laconique et percutant.

À l’heure de l’essor accéléré du marché international de l’art, elle pointe plus largement, avec une lucidité sans concession, la fabrication de l’identité et de la valeur de l’artiste, soulignée par la précarité de la condition d’artiste femme.
La performance, écrit-elle à propos du développement de cette forme au 20e siècle, est « le lieu d’intersection entre l’image et le texte ».

Martha Wilson est un agent de transformation et de changement dans l’art vers une plus grande démocratisation de la sensibilité artistique.

C’est la raison pour laquelle il nous a paru pertinent de l’inviter à proposer la Boite Collector La Vache qui rit, 2023. »

Sylvie Boulanger, commissaire de cette 10e édition