Anna Molska
Née en 1983, à Prudnik (Pologne), Anna Molska vit et travaille à Varsovie.
Elle a été diplômée en 2008 à l’Ecole des Beaux-Arts de Varsovie.

Démarche Artistique
Dans ses films, vidéos et installations, Anna Molska témoigne d’un intérêt pour les notions de jeu et de théâtralité, ainsi que pour les utopies révolutionnaires et les avant-gardes notamment soviétiques.

Hecatomb, 2011
Film 16 mm transféré en vidéo
couleurs, sonore, 9’57’’
Edition 1/3
Œuvre acquise en 2012

Film sans parole, Hecatomb se focalise sur un personnage évoluant dans un lieu abandonné. Etrangement vêtu d’une sorte d’armure souple et d’un short large, un jeune homme se déplace dans une serre environnée de nature. Quelques actions se succèdent : il marche dans l’espace ; il manipule un grand fouet ; il se couche sur un matelas gonflable posé au sol. A un moment donné, de la mousse commence à tomber du plafond, jusqu’à envahir le lieu. L’adolescent attend et il réagit à ce qui se produit. Tour à tour, il explore, il s’assoit, il se débat. Enfermé comme un animal sauvage en cage, il est l’acteur d’une performance captée par la caméra, les différentes valeurs de plan (large/serré, frontal/plongeant etc.) détaillant ses états de corps successifs, comme autant de traductions des états émotionnels qu’il traverse. Plutôt qu’une narration sensée, le film installe une atmosphère, au symbolisme abstrait, touchant aux caractéristiques de la jeunesse, ses rituels et débordements. Les yeux ouverts, le spectateur est confronté à une image de rêve, à la fois précise et irréelle, proche de l’état de latence du sommeil. Invité à une muette contemplation, il est laissé dans l’expectative d’une issue qui n’arrive jamais puisque le film tourne en boucle. Aucune explication, ni sens unique de lecture et de compréhension ne sont donnés. Si l’action semble se développer avec une unité de personnage, d’espace et de temps, certains détails et singularités viennent rompre cette homogénéité. Ainsi, d’autres corps dénudés font une brève apparition dans le lieu, presque comme une image subliminale, lors d’une séquence filmée avec un filtre coloré. Clos et ouvert à la fois, le lieu traduit une dichotomie entre intériorité et extériorité, nature et culture, vide et plein. Semblant pouvoir s’enfuir dans la végétation, le jeune homme revient en fait à son point de départ. Suspendu et étiré, le temps infini qui s’installe laisse éclater le drame, ainsi de l’éruption d’écume. Au final, les éléments du dispositif produisent un « effet de loupe » et exacerbent les effets de tension rampants, palpables, comme suintants à chaque minute du film.