Jeremy Deller
History of the world
2023
Tapis, coton et laine
246 × 400 cm
Acquise en 2023

L’artiste britannique Jeremy Deller développe depuis les années 1990 une pratique pluridisciplinaire (performances, installations, vidéos, affiches), diffusée le plus souvent dans l’espace public, dans le refus permanent qui est le sien d’associer son art avec une posture élitiste. Il réalise des œuvres et événements collaboratifs avec des musiciens, des graphistes, des ouvriers, des inventeurs, des enfants, ou encore des fans de musique et a investi des modes de production démocratisés comme le disque, le concert, le T-shirt, le poster ou le flyer. Toujours avec humour, son travail porte une attention particulière à l’histoire sociale et politique de son pays, le Royaume-Uni, à son actualité et sa culture populaire. Grand passionné de musique, Jeremy Deller aime également détourner certains stéréotypes sociétaux ou discours politiques pour les mêler à des références musicales ou artistiques.

Créée en 1996, la première version d’History of the World prend la forme d’un tableau noir où a été dessiné un schéma à la craie, proposant, à travers un système de flèches, des relations entre des noms d’artistes, de collectifs et de lieux. En convoquant les origines de la Acid House, il engage des liens entre des formations musicales et différents types d’événements historiques, parmi lesquels des grèves de mineurs. À la manière d’une démonstration théorique, il illustre les rapports qui se nouent entre la musique, les émotions et la récession sévissant à l’ère post-industrielle et à laquelle est liée l’histoire des raves et celle des fanfares. Pour l’artiste, la musique a toujours été perçue comme un moyen d’interpréter le monde et d’en saisir la complexité. Cette proposition a évolué par la suite vers d’autres formats (peinture murale, pochette d’album pour le groupe Acid Brass, une fanfare jouant de la musique acid house et techno, co-fondée par l’artiste) avant de prendre celle du tapis qui fait partie de la collection Lab’Bel.

© Romain Darnaud