Retour sur la conférence: Miam! La collection Lab’Bel

Dans le cadre de Lab’Food, une série programmatique qui s’intéresse à la relation entre la création contemporaine et la nourriture, l’équipe de Lab’Bel s’est prêtée au jeu de présenter une sélection d’œuvres de la collection à travers le prisme de la nourriture.

Lors de cette conférence animée par Léo de Boisgisson, Laurent Fiévet et Silvia Guerra, directeur et directrice artistique de Lab’Bel, sont revenus sur la genèse du Laboratoire, sa mission, ses actions puis sur les contours de la collection en tant que tout organique.

La collection, un tout organique

Avant de discuter des œuvres nous avons abordé des questions essentielles: 

Comment Lab’Bel, en tant que fonds de dotation lié au Groupe Bel mais néanmoins indépendant, collectionne t’il?

Comment constituer un corpus cohérent dans le temps présent de l’art contemporain?

Quid de la vache qui rit en tant qu’héritage iconographique?

Est-elle une icône pop, à l’instar de la Campbell soup de Andy Warhol ?

Comment naviguer entre cet héritage et l’affirmation d’une ligne artistique indépendante et parfois décalée ? 

La collection vue à travers le prisme de la nourriture

Puis nous avons présenté une sélection d’œuvres qui explorent la thématique de la nourriture à travers une diversité de formes, de matériaux et de concepts. Pour certaines, les artistes utilisent la nourriture comme matériau vivant pour créer des sculptures mutables, comme un contrepied à l’idée de l’œuvre inamovible qui résiste au temps.

C’est le cas de Michel Blazy qui, avec Galet Mou transforme de simples bonbons Krema en une sculpture marbrée d’apparence précieuse qui n’est pourtant pas à l’abri de péripéties liées à l’environnement où il est stocké ou exposé ou de Nicolas Momein qui engage une collaboration originale et aléatoire avec des vaches qui “cosignent” avec lui des sculptures en pierre de sel (Incomplete cube, Aliboron l’a digéré ¼) en les façonnant à chaque coup de langue. 

D’autres pièces évoquent des clins d’oeil contemporains au genre de la nature morte, comme (Still Life, one egg) de Ugo Rondinone qui joue avec la simplicité et la symbolique métaphysique de l’œuf tout en transformant cet objet fragile en une sculpture durable en bronze; ou Chou de Bruxelles (Sanda) de Jef Geys, qui propose une représentation teintée d’humour du légume belge emblématique en reprenant le motif du sachet de graines des magasins de jardinage. 

Nourriture ou boisson en tant que contenant peuvent aussi servir de support à des détournements du signifié, c’est le cas de Inserções em circuitos ideológicos. Projeto Coca-Cola de Cildo Meireles qui détourne les bouteilles de Coca-Cola, emblème du capitalisme, pour y inscrire des messages politiques avant de les remettre en circulation dans la chaîne de consommation créant ainsi une disruption dans le canal de communication des  idéologies dominantes.

Dans une démarche plus plasticienne Ruben Grilo prélève dans la grande distribution les formes de Chocolate Moulds qui sont des moulages réalisés à partir de tablettes de chocolat introduisant ainsi un aspect artisanal à des produits initialement issus de l’industrie.

Nourriture et publicité font partie de la toile de fond du quotidien, une interpénétration dont Magnus Andersen s’inspire dans sa série Capricho où il associe publicités pour chats et références à Goya, explorant la banalité et l’hyperstimulation sensorielle propres au marketing contemporain. Pour finir, les travaux de Nicolas Boulard  Colonne – Pouligny #1, Specific Cheese, Golden Cheese – Camembert– et Specific Slices,  puisent à la fois dans le registre vivant du terroir et celui de l’histoire de l’art, jouent des analogies entre les formes du minimalisme et du fromage, deux patrimoines qu’il croise avec humour, entre détournement, appropriation formelle et sculpture véritable.

Autant de propositions qui nous emmènent loin des images parfaites et séductrices de la nourriture dans une époque où la profusion d’images nous détourne paradoxalement de la réalité des aliments qui nous nourrissent et des systèmes à l’œuvre dans leur production.

L’intégralité de la conférence est ici: